II. 2) L'autocensure


II.  La censure dans les pays démocratiques, exemple de la France

        2)   L’autocensure

                     a)     Définition de l’autocensure

Du grec autos, soi-même et du latin censor, magistrat romain, celui qui blâme, l’auto censure est une censure que l’on s’applique à soi-même, de manière préventive, sur ses propres actes ou ses réalisations. L’autocensure peut être modifiée pas la pudeur ou par la crainte d’une censure, de représailles, de la perte d’un avantage, d’une action de justice etc.., de la part de l’Etat, d’une institution, d’une entreprise ou d’une personne dont on dépend.
Dans les pays démocratiques, ou il n’y a théoriquement pas de censure, les journalistes peuvent écrire sans avoir à faire valider leurs articles par le gouvernement car la liberté de la presse est autorisée. Néanmoins la censure s’opère comme une surveillance plus ou moins forte, dans la plus part des cas. L’incitation à l’autocensure est une forme subtile de censure qui donne illusion de liberté d'expression.


               b)    Pourquoi s’appliquer une autocensure ?



  • L'autocensure est dans un premier temps appliquée dans l'intérêt des investisseurs
L’autocensure s’exerce principalement dans le choix rédactionnel des sujets abordés, la manière de les traiter et d’en prendre compte. Elle a pour conséquence le développement du « politiquement correct ».  Ce phénomène est lié à plusieurs causes : intérêts des investissements, grands médias détenus par des compagnies privées. Les articles ne doivent pas mettre en tort les actionnaires et leurs intérêts ; voir développer des points de vue compatissants sur ces actionnaires. Les journalistes peuvent avoir tendance à traiter certains sujets complaisamment vis-à-vis des hommes politiques, des annonceurs publicitaires ou des actionnaires auxquels appartient leur média. Les agences de presse, quant à elles, préparent et valident l’essentiel des agences des informations et réduisent d’autant le besoin d’autocensure des journalistes qui n’ont qu’à utiliser un contenu pré-validé. 

Les grands médias sont souvent détenus par des compagnies privées. Les journalistes ont alors parfois tendance à ne pas écrire un article pouvant nuire aux intérêts des actionnaires, voir développer une tendance à délivrer des points de vue complaisants sur ces actionnaires. L'exemple le plus flagrant en France est la chaîne TF1 étant majoritairement détenue par Bouygues, le journal de TF1 pourrait avoir tendance à ne pas parler (ou seulement très rapidement ) des problèmes juridiques que peut connaître cette compagnie, ou au contraire à la mettre en valeur.


  • L'autocensure d'ordre politique
Pour causes de possibles représailles du pouvoir politique. En effet, de mauvaises actions dénoncées pourraient faire perdre la réputation du régime mis en place et faire suivre à des révoltes ou même à une révolution. 

L'exemple le plus connu reste la fille cachée de Mitterand, Mazarine. Le 10 novembre 1994, les français découvrent l'existence et le visage de Mazarine Pingeot. Ce jour là, cette photo fait la couverture de Paris Match. Le cliché représente François Mitterand posant la main sur l'épaule d'une jeune fille. L'hebdomadaire consacre alors quatre pages de photos au président et à Mazarine. Avec la légende "il vient de déjeuner avec sa fille qu'il ne cache plus",Paris Match suggère ainsi que l'ancien président, à l'approche de sa mort (il venait de subir une deuxième opération), a décidé de révéler lui-même l'existence de sa fille, jusqu'ici cachée. Cette version sera prise comme évidence mais celle-ci est fausse. Quelques jours auparavant, Mitterand avait appris que l'hebdomadaire possédait des clichés de sa fille et qu'il s' apprêtait à les publier; il fait alors venir son ami de longue date, Roland Dumas (il est avocat) à l'Elysée dans le but qu'il empêche la parution de ces photos qu'il juge compromettantes. Roland Dumas prend alors contact avec la présidente du tribunal de Paris dans le but de faire saisir le journal. La présidente s'opposera à cette solution. L'avocat se tourne alors vers Roger Thérond, le directeur de Paris Match. Il explique à quel point la situation blesse le président. De ce fait, Roger Thérond promet que les photos ne paraîtront pas.  Néanmoins, le soulagement du président sera de courte durée. Deux semaines plus tard, le directeur du journal joint Dumas pour lui expliquer qu'il ne peut plus retarder la publication des photos. Au quel cas, les paparazzis les vendront à un autre journal. Quand au secret, que les journalistes ont jusque là respecté, sera de toute manière révélé , puisque Philippe Alexandre lève le tabou dans un livre qui paraît le jour même. La censure de sa fille de la part de Mitterand relève de l'autocensure (la mise en oeuvre par une personne d'une censure qu'elle s'applique à elle-même). Cette censure a pour cause un motif  politique. Les journalistes peuvent parfois avoir peur de divulguer une information qui pourrait attirer les foudres du pouvoir politique mis en place, comme l'exemple ci- contre. Cette censure a une conséquence contre-productive puisque, découvert au grand jour, l'ensemble du peuple français s'est vu cacher une partie de sa vie par son président. Cela donne peut être une mauvaise image du gouvernement français possédant une emprise importante sur les journaux et les médias



  • L'autocensure d'ordre religieux

               
Pour ne pas choquer certaines religions, l'auteur va faire taire ses idées
'exemple le plus récent de cette pratique est l'affaire Charlie Hebdo ou la question de la caricature religieuse est revenue sur le devant de la scène.





L'Express pose les questions suivantes: "Faut-il soutenir les caricaturistes de Charlie Hebdo ou ceux qui les condamnent. Tragique simplification qui laisse en suspens la question fondamentale, celle du vivre ensemble". La France s'est alors déchirée pour une question qui semble mettre en balance les libertés fondamentales. Au regard des lois, dont nous bénéficions tous, Charlie Hebdo a parfaitement le droit de publier une caricature de Mahomet. La décision du journal satirique est intégralement protégé par la liberté d'expression,qui est le principe essentiel de toute démocratie. De cette manière affaire découle une question assez brûlante: la liberté de choquer fait elle parti de la liberté d'expression? Le respect des lecteurs fait il toujours parti de la déontologie  de la presse française? Ce respect du lectorat et le droit d'informer sont ils compatibles avec le droit de provoquer, que peut légitiment revendiquer tout humoriste?
Coluche disait des politiciens: "j'arrêterai de faire de la politique quand ils arrêterons de nous faire rire". Il pose ainsi clairement la frontière entre l'humour et la politique. Cette affaire fait apparaître les limites de la liberté d'expression pour certains. Pour d'autres, Charlie Hebdo profite de ce droit fondamental qu'offre le gouvernement français.
Cet exemple montre à quel point une rédaction peut être soumise à des revendications intolérantes. Au vu des représailles conséquentes que le journal a subies, on peut comprendre d'avantage qu'une rédaction s'autocensure.


  • L'autocensure d'ordre hiérarchique
Un journaliste aura peur de se faire licencier s'il dénonce des pratiques ou des actions malfaisantes envers son patron.




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